Saint-Marcouf : une ile de grande valeur pour le patrimoine touristique normand

Postée le 23/10/2020

L’association des Amis de l'ile du Large Saint-Marcouf agit depuis 2003 pour protéger, conserver, restaurer et réhabiliter le site de l’Ile du Large. Avec l'objectif de la réouvrir au public pour des visites touristiques, et la réintroduire dans le monde de la plaisance.



Elle entend assurer la pérennité des ouvrages historiques de l’Ile du Large par leur reconstruction dans le respect de leurs formes originales et permettre à terme une ouverture au public du site. L’association œuvre pour la réinsertion de l’Ile du Large dans l’environnement culturel, nautique et touristique de la Normandie et de la France. Christian Dromard, Président de l'association, fait le point sur les travaux engagés et les objectifs de l'association.

Normandie Maritime : que faites-vous dans la vie courante ?

Christian Dromard : je suis actuellement à la retraite. J'ai exercé pendant une trentaine d'années la fonction de conseil pour les gouvernements de pays de l'Est sur les problématiques de restitutions et privatisations à la suite de changements de régimes politiques, puis de conseil en valorisation et stratégie de conservation de bâtiments et monuments du patrimoine. Mon poste était basé à Paris et je suis arrivé en Normandie il y a une dizaine d'années. J'ai découvert l'ile Saint-Marcouf en tant que plaisancier pratiquant la voile régulièrement sur le littoral normand.

NM : de quelle époque datent les ouvrages de l'ile que vous restaurez ?

CD : les ouvrages que l'on peut voir aujourd'hui sont de l'époque napoléonienne. Premier Empire pour la tour ronde, c'est-à-dire le fort proprement dit, et Second Empire pour ce qui l'entoure, c'est-à-dire les remparts, le port et les douves. L'association des amis de l'ile du Large Saint-Marcouf se limite au petit entretien et à la petite restauration, refaire les joints, replacer les pierres descellées, etc. Cela occupe largement les 8 à 9 semaines de chantier que l'on nous autorise par an. La règlementation ne nous permet pas de faire ce qu'on appelle de la grande restauration.

NM : quel est votre objectif final en restaurant ce patrimoine ?

CD : l'objectif de l'association des Amis de l'Ile du Large Saint-Marcouf est la réouverture au public, pour des visites touristiques, et la réintroduction de l'ile dans le monde de la plaisance. Pour l'instant, il est interdit d'y débarquer depuis 1985 pour des raisons de sécurité d'abord, puis pour des raisons environnementales ensuite.


NM
: quels sont les principaux obstacles à cet objectif ?

Il existe différentes règlementations, notamment une interdiction d'y débarquer et d'y entreprendre quoi que ce soit du 1er avril et le 31 juillet correspondant à une période de protection pour la reproduction des oiseaux, émanant du Ministère de l'Environnement. Elle se situe également dans une zone de type Natura 2000. Du fait de la proximité de la réserve de l'ile de terre voisine, où existe une activité ornithologique, le Ministère de l'Environnement a été amené à prendre des mesures pour la quiétude des oiseaux dans leur période de reproduction. Cependant, tous les experts que nous avons consultés nous affirment que le débarquement sur l'ile Saint-Marcourf ne perturbe en rien la nidification des oiseaux. La question de la propriété de l'ile, classée monument historique et actuellement domaine de l'Etat est également complexe.

NM : comment allez-vous faire pour atteindre vos objectifs ?

CD : nous allons publier un projet de revitalisation de l'ile qui intègre un projet de zonage, un partage spacio temporel avec des zones et périodes dédiées aux oiseaux, et des zones ouvertes en permanence aux activités humaines, travaux de restauration et visites du public. Le dossier sera soumis aux services de l'Etat, actuel propriétaire de l'ile. Il existe plusieurs hypothèses pour la sauvegarde de l'ile, dont l'Etat pourrait se séparer au profit du secteur privé ou public territorial. L'ile étant classé monument historique, les travaux qui pourraient y être faits sont défiscalisables.

NM : quel est l'intérêt de l'ile pour le public et la navigation de plaisance ?

CD : Saint-Marcourf est la seule ile en Baie de Seine. Elle est intéressante à visiter car ce n'est pas un caillou nu. Il y a un monument d'histoire et d'architecture remarquable dessus. Pour le plaisancier, elle constituerait un but de sortie en mer, une destination. Côté Manche Est, il n'en existe pas beaucoup. Elle est à proximité immédiate de Grandcamp-Maisy ou Saint-Vaast-la-Hougue (environ 6 milles), de Carentan (moins de 10 milles), et d'autres ports de mouillages plus près encore. Elle est recensée en tant qu'abri sur les cartes du Shom. Certains plaisanciers mouillent entre les deux iles pour y passer la nuit. C'est également un excellent coin de pêche.

NM : comment voyez-vous la réouverture au public et la réintroduction dans le monde de la plaisance ?

C'est une ile de grande valeur et il serait impensable que les plaisanciers ne puissent pas y accéder à l'avenir. Il faut veiller à l'équilibre entre l'exploitation touristique et la protection de l'environnement. A ce titre, Saint-Marcouf est un cas emblématique de cet équilibre à trouver. Nous pourrions organiser des visites à partir d'un port de desserte à l'aide d'un semi-rigide limité à 12 places. La fréquence des visites serait limitée par l'accessibilité en fonction de l'heure des marées et de l'ouverture des portes des ports de desserte. Il s'agirait d'un tourisme raisonné.

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