La filière hydrolienne française dans les starting blocks pour la prochaine PPE

Actu Environnement - 23 juin 2021
[…] Mis à mal par l'abandon de Naval énergies, l'hydrolien français se relève. Plusieurs entreprises ont repris le filon et espèrent convaincre la France d'inscrire l'énergie hydrolienne dans la prochaine PPE.
En 2011, l'entreprise Open Hydro installait la première hydrolienne en France. Quelques années plus tard, Naval Energies semblait croire au potentiel des côtes françaises, si bien que l'État envisageait de subventionner des projets de fermes pilotes. L'hydrolien semblait en plein essor, mais en 2018 Naval Energies annonçait la fin de ses investissements. La même année, l'Ademe déclarait que la filière hydrolienne n'avait pas encore fait ses preuves, faisant d'elle la grande absente de la PPE 2019-2023.
L'intérêt pour le secteur n'est cependant pas éteint. Pour les entreprises qui ont décidé de continuer l'aventure, l'hydrolien présente l'avantage d'être prédictible car il dépend de la puissance des courants de marée. Certes, la technologie actuelle ne permet pas encore d'exploiter le potentiel mondial (100 GW) et le coût de production de l'électricité est élevé (Hydroquest et Qair envisagent une première commercialisation à 200 € le MWh) mais cela pourrait bien changer avec l'amélioration des technologies. Le potentiel français s'élève à 3,5 GW, dont 3 GW dans le Raz-Blanchard, ce qui équivaut à la production prévisionnelle d'un réacteur nucléaire de type EPR. Aujourd'hui la France compte 6 projets démonstrateurs répartis sur les côtes de la Manche et sur la façade Atlantique.
Deux fermes pilotes sont attendues au Raz-Blanchard (Normandie). En juillet 2022, Hydroquest, envisage de commencer les travaux de sa ferme pilote qui abritera 7 turbines. La ferme devrait développer une puissance totale de 17,5 MW, ce qui revient à alimenter 8 200 foyers. Normandie hydroliennes prévoit de plonger ses turbines au Raz-Blanchard courant 2021. Un raccord commun au réseau électrique est prévu pour les deux projets, tous deux soutenus par le programme européen INTERREG France (Manche) Angleterre TIGER.
Sabella planifie la pose de deux hydroliennes nouvelle génération dans le courant de la Jument (Morbihan). Ce projet expérimental bénéficie des fonds TIGER et l'enquête publique est prévue pour l'été 2021. Dans le cadre du projet Phares à Ouessant (Finistère), le constructeur Sabella envisage une ferme pilote dans le passage du Fromveur. Pour le moment, aucune date n'est retenue pour la mise en oeuvre. Le projet prévoit une ferme pilote de 500 MW, constituée d'hydroliennes de 15 mètres de diamètre.
Toujours dans le Morbihan, la société Guinard énergies nouvelles expérimente son hydrolienne P154, dans le fleuve côtier Ria d'Etel. Immergée une première fois en 2019, elle sera réimmergée à l'automne 2021.
Un bilan globalement positif, donc. Loin de faire « plouf », la filière hydrolienne espère convaincre l'Ademe et le Gouvernement d'entrer dans la prochaine PPE.