L'interview inattendue - Pascal Pommier, Oréka Ingénierie :

Postée le 17/01/2023

Derrière les entreprises composant la filière Normandie Maritime se nichent des hommes et des femmes au parcours et aux compétences souvent mal connus. A travers sa newsletter, Normandie Maritime dresse chaque trimestre le portrait d'un chef d'entreprise ou d'un responsable de secteur par le biais d'une interview inattendue. Pascal Pommier, co-fondateur d'Oréka Ingénierie à Cherbourg, se prête ce mois-ci à l'exercice.

Normandie Maritime : quelle est ta formation et t'a-t-elle permis de faire ce que tu voulais ?

Pascal Pommier :"oui, je suis passé par un BAC mécanique générale et des études aux beaux-arts. L'association des deux m'a permis de faire ce que je voulais faire, du design et en particulier du design d'espace, donc oui, j'ai fait à peu près ce que je voulais à partir de ma formation initiale".

NM : que fait Oréka Ingénierie ?

PP : "on a un petit slogan qui résume un peu ce qu'on fait : c'est de pouvoir créer avec nos clients des environnements performants où l'humain est la priorité. Et tout ça veut dire qu'on cherche à travers ce que l'on fait, ce qu'on propose, des environnements où vraiment les individus vont pouvoir s'y retrouver en termes de confort, de qualité de travail, de performance, donc c'est peu regrouper ce que peut attendre en termes d'objectifs une entreprise et ce que peuvent attendre aussi les salariés de cette même entreprise. En associant les métiers d'architectes, d'urbanistes, d'ingénieurs informaticiens, on arrive à avoir des réponses pertinentes".


"On a réussi à créer perpétuellement le besoin chez nos clients"

NM : quelle est d'après toi sa grande force ?

PP : "sa force réside dans son originalité et dans la réponse qu'elle apporte aux sujets traités. Il est rare de trouver tous ces métiers-là réunis au sein d'une même entité. Et ce qui fait sa force aussi, c'est l'intégration du numérique dans toutes les phases de d'élaboration des projets, depuis la conception en passant par la validation, la présentation, la formation. On a réussi à créer perpétuellement le besoin chez nos clients. On est petits, avec des idées et de l'énergie pour les faire passer. En ayant une approche originale, plus axée sur le confort au travail, l'ergonomie, et en y ajoutant le numérique, cela nous permet de travailler avec de grands donneurs d'ordre".

NM : et quelle est sa faiblesse ?

PP : "a contrario, c'est peut-être un moment donné sa petite taille par rapport aux marchés qu'on aborde. Nous travaillons beaucoup avec de grands donneurs, de grandes structures comme Orano, l'Oréal, Ariane Espace, Airbus, Naval Group, EDF, la SNCF. Avoir des marchés directs avec une petite équipe de 20 personnes, c'est un challenge et ce n'est pas toujours évident".


"la problématique va changer parce qu'on va passer d'une équipe de 20 personnes à une équipe de 6 000"


NM
: d'où la vente de votre société à Assystem, spécialisé en ingénierie et gestion de projets et cotée à la Bourse ?

PP : "la problématique va changer parce qu'on va passer d'une équipe de 20 personnes à une équipe de 6 000, donc on va effacer cette faiblesse. Ça va devenir une force intéressante pour nous parce qu'on va pouvoir aller puiser dans un panel de savoir-faire assez extraordinaire. Mais à l'origine, l'objectif était de transmettre l'entreprise en interne. Finalement, on s'est aperçu que les salariés risquaient d'avoir un lourd fardeau à porter. En parallèle, un certain nombre de groupes industriels intéressés par notre savoir-faire et en particulier la partie numérique nous sollicitaient pour un rachat et nous avons choisi de travailler avec Assystem".

NM : pourquoi as-tu créé ta propre entreprise ?

PP : "un moment donné, avec Didier Duffuler, et Nathalie Michel, mes associés, on a voulu reprendre notre liberté par rapport à l'activité qu'on avait avant et pouvoir faire vraiment ce qu'on avait envie, justement, autour de ces différents métiers, les regrouper et travailler avec la clientèle qu'on avait depuis une trentaine d'années".

NM : comment se passent les relations avec tes associés ?

PP : "il y a peut-être une chose qui a fait que ça fonctionne, c'est qu'on n'a jamais vraiment mélangé la vie personnelle et la vie de l'entreprise. Hé on n'est pas toujours fourré les uns chez les autres, il y a un équilibre professionnel qui qui s'est fait. Ça fait quand même un paquet de temps maintenant, au minimum 20 ans. On a eu le temps de voir comment chacun réagissait selon les sujets et les charges de travail, et la répartition s'est toujours faite sur les compétences de chacun".

"Hole Oréka, c'est l'aboutissement de toute la démarche qu'on a pu faire dans le numérique, sur l'interaction entre l'individu et son environnement de travail".

NM : quel est ta plus grande satisfaction professionnelle avec Oréka Ingénierie ?

PP : "je suis très satisfait du succès de l'application que nous avons développé en réalité augmentée, Hole Oréka, pour Naval Group chez qui on soupçonnait le besoin. Cela a mis deux ans et demi à se mettre en place mais c'est aujourd'hui une application qui a séduit tous nos grands clients et que l'on voit dans la France entière. C'est l'aboutissement de toute la démarche qu'on a pu faire dans le numérique, sur l'interaction entre l'individu et son environnement de travail".

NM : quel est ton plus grand regret ?

PP : "je suis d'une nature très optimiste. Cependant, il y a des contrats que l'on n'a jamais pu faire aboutir à l'étranger, notamment dans le sultanat d'Oman qui a capoté du fait des printemps arable. Après, il y a eu le même type de déplacement en Russie juste avant qu'elle n'annexe la Crimée. Cela a jeté un froid avec les Russes, et tout s'est arrêté. Et sur le projet d'EPR à Inkley Point en Angleterre, EDF nous a conseillé de ne pas y aller".

NM : à 62 ans, as-tu encore des rêves professionnels ?

PP : "on voit de plus en plus de projets d'habitat sur l'eau. En 2016, nous avions travaillé sur une idée d'ile artificielle avec Vincent Lebailly, l'architecte navale installé à Bernières-sur-Mer. Sans client final, il n'était pas possible de finaliser le projet. Ce serait sympa si l'on pouvait mener à bien une idée de ce type. Nous avons un ou deux projets qui pourraient se concrétiser".

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