Interview de Jean Morin, Président de la SPL des Ports de la Manche :

La Presse de la Manche - 21 février 2021
La société publique locale avait été créée pour conserver les ports de Saint-Vaast et Portbail dans le giron public. Elle gère aujourd'hui huit ports, et même douze avec les ports patrimoniaux du Val de Saire.
Pourquoi cette évolution ?
Jean Morin : "il s'agissait effectivement, en 2012, d'éviter que la gestion de nos ports nous échappe et soit confiée à des sociétés purement commerciales. Il n'y avait pas encore, à l'époque, le plan nautisme dont s'est doté le Conseil Départemental de la Manche en 2016. Mais il y avait déjà cet objectif de rassembler un certain nombre de ports autour d'un projet commun, au sein d'un réseau, permettant de mutualiser les achats par exemple".
Il y a une dimension touristique aussi ...
JM : "un esprit. Il s'agit de faire en sorte que les habitants du département ne tournent plus le dos à la mer, mais qu'ils s'approprient au contraire ces ports qui font partie de leur patrimoine. C'est pour cela que l'on retrouve aujourd'hui Goury et Omonville à côté de Granville. Nous ne nous contentons pas d'être dans un système marchand, nous aménageons aussi le territoire. Port Racine est un bon exemple : René Boivin, le président de l'association des usagers du port, avait quelques inquiétudes au début. Il est totalement rassuré aujourd'hui. D'autant que nous tenons à l'implication des plaisanciers, qui connaissent, qui surveillent leur port et qui agissent avec nous".
L'une des missions de la SPL, c'est l'investissement pour l'entretien et le développement des ports.Qu'en est-il pour cette année ?
JM : "nous construisons évidemment une programmation, d'autant que nous avons maintenant repris la gestion du port de Granville. Les effectifs de la SPL sont passés d'un coup d'une vingtaine à une cinquantaine de personnes. En matière d'investissements, 5,7 millions d'euros vont être consacrés à nos ports".
Par exemple...
JM : "cela concerne la sécurisation de l'estacade à Port-Bail-sur-Mer. Nous nous apprêtions à la démonter, mais la municipalité nous a demandé de la conserver parce qu'elle fait partie du paysage, de l'attractivité. C'est ainsi que nous voulons travailler, le partenariat des communes est très important".
Cela a été le cas à Barneville-Carteret...
JM : "absolument, la municipalité a eu un rôle moteur avec cette idée de mettre en eau une partie du chenal. C'est une réalité depuis le mois de décembre avec le nouveau seuil et une porte abattante de 20 mètres. Les pieux sont aussi posés au niveau de l'ancien bassin d'échouage, les pontons vont être posés. L'ensemble devrait être livré au plus tard en mai, pour des travaux qui ont représenté globalement 7 millions d'euros. Pour gagner 330 anneaux supplémentaires, ce qui va porter la capacité totale à environ 700 places à flot, ce n'est pas cher".
À Granville, les enjeux autour du port sont d'une autre ampleur, 70 millions au total. Pourquoi en avoir repris la gestion à la CCI ?
JM : "cela avait du sens en termes de mutualisation. C'est un port très structurant, avec des extensions en cours sur les différents ports de Granville. Nous avons déjà commencé l'an passé les aménagements pour la pêche, avec l'installation de pontons pour sécuriser la débarque, l'accès à la criée et un gain de profondeur qui améliore sensiblement l'amplitude de sortie. Nous voulons aussi doubler la surface du plateau technique, de manière à pouvoir accueillir en entretien des navires à passagers. Pour la plaisance, il s'agit de gagner 40 % de superficie en plus. On parle moins en nombre de places, mais de la possibilité d'accueillir des bateaux plus grands".
D'autres développements de la SPL sont-ils possibles ?
JM : "nous avons pour le moment un total de 3 200 anneaux de plaisance. C'est la moitié de la capacité de l'ensemble des ports de la Manche et 25 % au niveau de la Normandie. La concession de Port Chantereyne à Cherbourg sera renouvelée en 2023. Pourquoi pas nous positionner ?"
Propos recueillis par Jean Lavalley