Guillaume Gréau, Responsable Energies Marines Renouvelables aux CMN : "la création d’une filière hydrolienne marine à Cherbourg aura un impact très fort au niveau local"

Postée le 15/07/2019

Les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) collaborent avec Hydroquest dans le secteur de l'hydrolien pour diversifier leurs activités. Une hydrolienne vient d'être immergée au large de Paimpol et son raccordement est finalisé. Dans un marché encore en phase de maturation, Guillaume Gréau, Responsable Développement Energies Marines Renouvelables au sein de la société normande, explique les projets des CMN, présentes au salon Seanergy Dunkerque début juin.

 

Normandie Maritime : comment les CMN en sont venues à travailler dans le secteur de l’hydrolien ?

Guillaume Gréau : "le chantier naval cherchait des axes de diversification, dans un métier très cyclique, même si en ce moment nous sommes en surcharge grâce a de très gros contrats en cours. Cela peut ne pas durer, et dans les phases en sous activités, il est nécessaire d’occuper le personnel avec des ouvrages que nous savons faire. Notre positionnement à Cherbourg nous permettait de bénéficier du vent et des courants de marée. Dans le secteur de l’éolien, les CMN auraient eu un rôle de sous-traitant qui ne nous convient pas forcément. En effet, les CMN conçoivent ses bateaux de A à Z en lien direct avec le client. Les marges très tendues et l’argument massue de ne pas pouvoir fabriquer en même temps des mâts d’éoliennes et des bateaux dans nos ateliers nous ont fait stopper l’investigation dans l'éolien. A contrario, l’hydrolien est très adapté à la taille de nos ateliers. Grâce à la masse volumique de l’eau qui est plus dense que celle de l’air, nous pouvons avoir des machines très puissantes mais également très compactes. La machine d'un mégawatt qui vient d’être installée à Paimpol avec Hydroquest ne fait que 25 mètres de long par 10 mètres de haut".

NM : comment avez-vous entrepris de vous diversifier dans l'hydrolien ?

GG : "pour cela, nous nous sommes rapprochés d’Hydroquest qui, à l’époque était une startup en recherche d’industriel pour pouvoir croître. Les CMN ont travaillé avec Hydroquest sur l’hydrolien fluvial puisque nous avons construit à Cherbourg cinq machines, dont le prototype de Seaneo à Bordeaux, et également les quatre machines de la 1ère ferme qui est au Grand Lyon. Nous avons aidé à industrialiser et fabriquer des hydroliennes pour Hydroquest et nous avons également co conçu et fabriqué le prototype d’hydrolienne maritime qui est à Paimpol aujourd’hui".

NM : avez-vous fait appel à la sous-traitance normande pour fabriquer cette hydrolienne ?

GG : "c’est une machine qui est 100 % européenne, sur l’ensemble du projet à 75% français. Seules les opérations offshores de pose et de démantèlement ne sont pas françaises. La valeur intrinsèque de la machine est à plus de 50 % normande. C’est assez normal car c’est une des valeurs des CMN qui aiment travailler avec les acteurs locaux pour le secteur de la construction navale et s’appuyer sur les compétences normandes. Nous avons repris la recette pour l’hydrolienne : la structure a été fabriquée par les CMN, la fondation par Fouré Lagadec au Havre, la peinture a été effectuée par Lassarat et beaucoup d’usinage en Normandie. Nous avons vraiment pu vérifier que la création d’une filière hydrolienne marine en France et en particulier à Cherbourg aura un impact très fort au niveau local, départemental et régional. Avec notre technologie, c’est une certitude".

NM : l’hydrolienne à Paimpol immergée et raccordée, quelle est la prochaine étape ?

GG : "l’hydrolienne a été immergée fin avril. Trois semaines plus tard, les raccordements de fibres optiques et de puissance ont été fait. La machine vient d’être mise en service et a commencé à tourner. L’électricité produite devrait être injecté dans le réseau d’ici quelques jours".

NM : le marché de l'hydrolien est-il mature à ce jour ?

GG : "nous sommes bien conscients que ce marché n’est pas du tout au même niveau de maturité que l’éolien offshore. Cependant, si le secteur de l’hydrolien n’est toujours pas mature, cela nous permet d’être dans une démarche de meneur et d’intégrer et vendre directement nos conceptions. Après, nous avons besoin que l’Etat continue son impulsion. Nous avons d’ailleurs été aidé pour le démonstrateur et nous aimerions que l’Etat relance le projet de ferme sur le raz Blanchard. Le potentiel du marché hydrolien mondial est important mais moindre par rapport à celui de l’éolien ce qui nous fait dire que ce dernier est plus un marché pour les ETI que pour les grands groupes. Sur le fluvial, nous sommes maintenant le leader mondial et nous commençons à commercialiser nos produits à l’export surtout en Asie et en Amérique du Sud. Sur le marin, nous n’en sommes pas encore au stade du développement commercial. La prochaine phase sera de développer une ferme pilote ou pré commerciale pour avancer et prouver que la technologie est la bonne avec, à terme, des coûts supportables pour faire un vrai développement commercial".

En poursuivant la navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés à réaliser des statistiques de fréquentation ainsi que l'utilisation de sessions destinées à améliorer votre navigation sur notre site internet.
Pour en savoir plus, cliquez ici.
J'accepte