Face au covid-19, l'innovation au-delà des aides

Postée le 28/05/2020

Faire le dos rond face au virus ! La stratégie de lutte à laquelle la grande majorité des entreprises sont contraintes en ces temps de crise va permettre, avec l'aide des pouvoirs publics et des aides déployées, de sortir tant bien que mal de marasme économique. D'autres sociétés décident pourtant d'adopter une stratégie plus offensive, s'appuyant sur une démarche d'innovation cultivée bien avant la pandémie.



Pour éviter une récession trop sévère, l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens, en adoptant un plan de 100 milliards d'euros. Les différentes mesures, fonds de solidarité, report de charges, chômage partiel, prêts garantis, plan d'urgence pour les start-ups, entre autres aides, devraient porter la dette publique nationale à 115 % du PIB. Les entreprises dont les trésoreries étaient très malmenées y ont eu recours massivement, et rapidement. Le prêt garanti par l'Etat (PGE) a rencontré un fort succès chez les TPE et PME, y compris celles aux reins les plus solides, et les grands comptes ne l'ont pas non plus dédaigné, loin s'en faut. Arnaud Verhasselt, Directeur centre d'affaires pour le Crédit Agricole Normandie Seine indique : "nous avons acceptés 99 % des demandes de PGE. Il ajoute : "nous anticipons une deuxième vague de demandes des PGE à la rentrée de septembre. Quelques entreprises rencontrant des difficultés n'ont pas encore fait de demandes de PGE en attendant d'avoir une meilleure visibilité d'ensemble sur leur situation. Leur trésorerie s'est tarie, et les charges reportées vont devoir être payées. D'autre part, très peu d'entreprises ont demandé la totalité du montant de 25 % de leur chiffre d'affaires auquel elles avaient droit, sachant qu'il pouvait être sollicité jusqu'au 31 décembre 2020. Avec encore beaucoup d'incertitude autour de la crise sanitaire, l'estimation des besoins était par ailleurs compliquée à calibrer. Les entreprises ont préféré emprunter en plusieurs étapes, en fonction de la situation, plutôt que de souscrire un seul emprunt conséquent".

Beaucoup de fonds d'investissement et retournement se posent la question de l'élargissement de leur domaine d'intervention.

Le secteur bancaire s'interroge aujourd'hui sur la vocation même des fonds d'investissement et de retournement qu'ils gèrent dans une certaine orthodoxie. Louis Heslot Guillot, Directeur de la Banque d'Affaires Crédit Agricole Normandie estime : "beaucoup de ces fonds d'investissement et de retournement se posent la question de l'élargissement de leur domaine d'intervention. Pour faire redémarrer le business, ces fonds pourraient s'orienter vers les entreprises qui auront alors à rembourser leur prêt garanti par l'Etat".

En Normandie, certaines entreprises devraient alors leur faciliter la tâche, mêlant leur stratégie de développement à la situation de crise actuelle. Julien Poirier, Directeur de l'exploitation pour le constructeur caennais Iguana Yachts explique : "la crise a impacté notre chiffre d'affaires mais nous avons sollicité des prêts dans le cadre du PGE et les avons obtenus. Mais plutôt que de freiner le développement et l'activité pendant la crise, toute notre stratégie a été au contraire d'accélérer notre démarche d'innovation. Nous avons conçu une multitude de nouveaux produits pour stimuler les ventes au sortir de la crise. Il est encore un peu tôt pour dire si cette stratégie fonctionnera car nous sommes sur des cycles très longs chez Iguana Yachts. Nous avons segmenté la marque et nous devrions sortir cinq à six nouveaux modèles dans les mois qui viennent. L'un des nouveaux modèles sera dédié aux superyachts supérieurs à 70 mètres. Nous allons également nous déployer dans le secteur du bateau professionnel, et élargir la gamme avec des bateaux très accessibles en termes de prix".

Face au covid-19, Karver a choisi de ne pas arrêter sa démarche d'innovation

De la même manière, chez Karver, on a misé sur l'agilité pour réduire la casse pendant le confinement et relancer l'activité, en adoptant une stratégie commerciale d’accélération du développement de nouveaux projets innovants et positionnement sur des marchés de niches. Tanguy de Larminat, Directeur général pour l'équipementier honfleurais Karver expose : "face au covid-19, Karver a choisi de ne pas arrêter sa démarche d'innovation. Nous devions sortir une nouvelle gamme en septembre. Nous n'avons rien différer, et nous avons pu continuer à investir normalement. Une entreprise qui innove peut emprunter plus fortement et dépasser le plafond des 25 % d'aide du prêt garanti par l'Etat".

Cette stratégie chez Karver ne date pas d'hier. Tanguy de Larminat ajoute : "l'innovation, et l'export, sont des moyens de sortir de la crise plus rapidement. Nous sommes accompagnés, particulièrement en Normandie, en continu dans nos démarches, par BPI, la Région et son agence de développement, la CCI à l'International, et toute une masse d'organismes qui encadrent notre activité. Dès qu'une difficulté émerge, il est presque inutile de décrocher son téléphone, le conseil et l'assistance bienveillante arrivent rapidement. Dans ce processus constant, où les employés ne sont pas dans le confort, où l'on teste régulièrement des solutions, on est forcément mieux armé pour affronter une crise comme celle du coronavirus".

Nous savons où nous allons, alors pourquoi changer de cap ?

Devant l'adversité, certains chefs d'entreprises prônent quant à eux une certaine philosophie de la résilience. C'est le cas de Franck Polidor, Président de Sowilo Technologies à Bayeux, qui déploie son discours tel un tribun rempli de ténacité courageuse : "nous allons intensifier notre engagement sur les projets clients en cours, nous allons lancer nos projets internes en attente, concrétiser nos idées d’innovation dans nos domaines d’activité, recherche, science, agroalimentaire. La clé, c’est la vitesse. Nous savons où nous allons, alors pourquoi changer de cap ? il faut ajuster notre voilure pour garder notre vitesse !".

A l'heure du grand déconfinement, où l'on espère ne pas dénombrer trop de défaillances d'entreprises, certaines d'entre elles ont décidé d'affronter cette crise par l'innovation. L'astronaute Patrick Baudry l'exprime bien : "une entreprise qui n’innove pas est une entreprise en danger de mort". Avec bien trop d'acrimonie, la crise sanitaire devrait le démontrer une fois de plus.

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