EMR - Ferme hydrolienne : la Région met la pression

Ouest-France - 17 mai 2025
[…] Le projet de fermes hydroliennes au raz Blanchard (Manche) reste en suspens, freiné par le report de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), désormais attendue pour fin d'été. Ce blocage politique exaspère les acteurs de la filière qui réclament une décision claire.
Serge Quaranta, PDG de CMN et associé à Flowatt, interpelle : « Il faut sortir de l'immobilisme mou. L'hydrolienne, c'est oui ou c'est non ? On est prêts à produire, livrer, il ne manque que le signal. Maintenant, il faut l'envoyer ! ».
Le président de Région, Hervé Morin, affiche « un optimisme raisonnable », estimant que « l'engagement public est trop fort pour faire marche arrière », en référence aux 60 M€ de France 2030 et aux 51 M€ européens (31,3 M€ pour NH1 et 19,7 M€ pour Flowatt) mobilisés.
Dans ce contexte, Normandie Hydrolienne (NH1) entend bien défendre sa place. Katia Gautier, responsable de NH1, rappelle que leur ferme déploiera « les turbines les plus puissantes au monde », avec quatre turbines de 3 MW chacune (12 MW au total). Son associé Jean-François Mouchel (Efinor) alerte : « On est suspendus aux incertitudes du PPE », soulignant l'urgence de clarifier le calendrier et les volumes prévus pour la filière.
Le potentiel du raz Blanchard reste exceptionnel : ses courants moyens de 12 nœuds pourraient générer jusqu'à 15 TWh par an, l'équivalent de deux EPR. Mais le premier appel d'offres, prévu dans la PPE, ne concernera que 250 MW d'ici 2030, ce qui inquiète les acteurs régionaux, d'autant qu'il pourrait être attribué à un opérateur étranger.
À horizon 2050, l'ambition reste de déployer mille turbines et créer des milliers d'emplois. Reste à boucler les financements : 175 M€ pour Flowatt, 90 M€ pour NH1 — et surtout à obtenir le feu vert de l'État pour passer à l'action.
Sur le même sujet :
Dans le Cotentin, les industriels attendent un signe de l'État pour bâtir la filière de l'hydrolien
La Presse de la Manche - 17 mai 2025
[…] Douze ans après les premières annonces, la filière hydrolienne française reste en attente d'un véritable lancement. Alors que les projets Flowatt et NH1 devraient préfigurer le développement commercial de l'hydrolien, les industriels réclament un cap politique clair.
« Il nous faut une vision claire », martèle Serge Quaranta, PDG de CMN et partenaire du projet Flowatt. « Flowatt n'est qu'un début. Il faut des volumes, des marchés, de la visibilité. Et nous en avons besoin maintenant ».
Le potentiel du raz Blanchard est immense : 5 GW installables pouvant produire jusqu'à 15 TWh/an, soit l'équivalent de deux réacteurs EPR. Le gouvernement prévoit un premier appel d'offres de 250 MW d'ici 2030, ce qui représente entre 50 et 70 turbines. Mais ce volume reste bien en deçà des ambitions affichées.
Côté Normandie Hydroliennes, Katia Gautier défend avec conviction une technologie arrivée à maturité. « Beaucoup de choses fausses sont dites sur l'hydrolien. Notre cœur de métier, c'est de bien développer cette industrie. Avec Flowatt, nous voulons la construire ensemble ». NH1 déploiera quatre turbines AR3000 de 3 MW, soit 12 MW, pour une production de 34 GWh/an, équivalente à la consommation de 15 000 habitants.
Jean-François Mouchel, DG d'Efinor, souligne l'impact local : « Chez Efinor, cela représentera une cinquantaine d'emplois uniquement pour la ferme prototype ».
Les industriels appellent à une régularité des appels d'offres pour permettre à la filière de s'installer durablement. « Il nous faudra des appels commerciaux fréquents, à l'instar du Royaume-Uni », insiste Katia Gautier, « pas un cette année et rien pendant trois ou quatre ans ». Le succès de cette filière repose désormais sur la publication rapide et ambitieuse de la PPE et sur un travail collectif associant État, industriels et collectivités.