Cinq milliards de watts sous la mer

Valeurs actuelles – 10 août 2022
[…] L'hydrolien a sa place parmi les énergies renouvelables et dans le mix énergétique français. Les industriels sont dans les starting-blocks en Normandie et en Bretagne.
« Le raz Blanchard et le Fromveur bénéficient d'une vitesse de courant et d'une densité énergétique exceptionnelles. Avec les autres gisements, notamment dans le golfe du Morbihan et autour de la Bretagne, notre pays dispose d'un potentiel de 3 à 5 gigawatts » explique Anne Georgelin, Responsable éolien en mer et énergies marines renouvelables au Syndicat des énergies renouvelables (SER).
Cette technologie présente de nombreux avantages comme sa totale prédictibilité. Posée au fond de l'eau et mue uniquement par les courants marins, une hydrolienne utilise les deux sens de marée et ne s'arrête que pendant l'étale, c'est-à-dire le moment où le courant est nul avant de repartir dans l'autre sens. Autre intérêt : les hydroliennes ont besoin des courants les plus forts donc là où les poissons passent rarement. Les pêcheurs n'ont donc quasiment aucune raison d'y jeter leurs filets. Leur emprise sur le domaine maritime est plus faible que pour l'éolien marin. Enfin, pour les riverains, il y a une absence totale d'impact visuel et sonore, ce qui est le gage d'une bonne acceptation sociale et environnementale.
Aujourd'hui, deux acteurs français sont très bien positionnés sur le marché de l'hydrolien : une entreprise de Quimper, Sabella et une de Grenoble, HydroQuest, détenue à 49 % par CMN. Chacune a développé une technologie différente. Depuis quelques années déjà, les 2 entreprises soumettent leurs machines, dont 80 % de la valeur ajoutée est française, à rude épreuve.
Les industriels français sont confiants car pour Bruxelles, l'énergie hydrolienne permettra d'atteindre les objectifs européens de neutralité carbone : en 2020, la Commission européenne s'est fixée de porter la capacité installée des énergies océaniques (hydrolien et houlomoteur) à 100 mégawatts d'ici à 2025, 1 gigawatt d'ici à 2030 et 40 gigawatts d'ici à 2050.
En France, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour la période 2028-2033 prévoirait un projet représentant un investissement de 9 à 10 milliards d'euros pour les entreprises de la filière, tandis que plusieurs centaines d'emplois pérennes pourraient être créés dans la construction et la maintenance.