Avec les pilotes de Seine au simulateur de l'ENSM

Mer et Marine - 7 octobre 2020
[…] Emmanuel Fournier, pilote formateur de la station de Seine sur le simulateur Kongsberg de l’ENSM du Havre a concocté avec Juliette Fischer, responsable du simulateur à l’hydro différents scénarios de manœuvre et de navigation sur toute la longueur de la Seine.
"De l’expérience naît l’expertise", dit Laurent Letty, président de la station de Seine. "C’est pour cela que nous nous formons continuellement, y compris sur le simulateur de l’ENSM avec qui nous avons signé une convention de formation tripartite aux côtés du GPMR". La station de Seine compte 54 pilotes et sert les terminaux de Seine (Rouen, Le Trait, Saint-Wandrille, Port-Jérôme et Honfleur), les ports de Dieppe et de Caen-Ouistreham. La navigation en Seine est très spécifique. "Piloter en Seine, c’est piloter avec la marée. C’est une règle qui s’applique ailleurs mais qui, ici, est cruciale notamment quand nous avons des navires à fort tirant d’eau au départ de Rouen".
Pour rester dans la course des ports céréaliers, le GPMR s’est lancé dans un dragage du chenal pour continuer à accueillir des navires toujours plus gros. "Le chenal d’entrée est dragué à 6 mètres et nous avons un tirant d’eau maximal de 11.3 mètres à la descente". On comprend donc bien l’intérêt de parfaitement calculer la marée quand il faut piloter les plus gros vraquiers chargés de 50.000 tonnes de grains. "Nous partons de Rouen vers la pleine mer et devons arriver à Caudebec peu de temps avant la basse mer locale pour atteindre l’estuaire de la Seine à la pleine mer suivante. Il faut donc parfaitement ajuster la vitesse et la manœuvre à l’onde de marée". Surtout qu’en plus cette stricte contrainte de hauteur d’eau, la Seine amène son lot de complications : le vent d’ouest qui influence la vitesse de la marée, la décote ou la surcote qui peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres, le débit saisonnier du fleuve, la visibilité qui évolue énormément en fonction des saisons…
Emmanuel Fournier surveille un exercice avec un croisement compliqué dans un endroit resserré à la sortie d’une boucle de la Seine. Il garde un œil non seulement sur la trajectoire mais aussi sur la vitesse que ses jeunes collègues ont adoptée. "C’est un facteur fondamental pour la descente. Nous devons nous assurer que les navires servis puissent bien appliquer la vitesse nécessaire pour suivre l’onde de marée".
L’après-midi au simulateur se termine pour les jeunes pilotes de Seine. Il y en aura d’autres pour les capitaines des dragues de la Seine. "Dans le cadre de notre convention tripartite, ces derniers viennent se former avec un instructeur de la station. Au-delà de l’exercice, c’est aussi une occasion d’échanger avec eux et de mieux connaître nos métiers respectifs". Le GPMR a effectué la numérisation de l’ensemble de son plan d’eau, avec le nouveau gabarit du chenal. Des heures de simulateur en perspective.